Comment rester maître de toutes vos décisions en vous immunisant contre les biais cognitifs ?
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ORCID n° 0000-0001-6888-5261
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“ La connaissance de soi est le premier pas vers la maturité.” Jane Austen.
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Résumé
Si l’on se réfère au dictionnaire « Trésor de la langue française », un biais est une déformation, une distorsion de la perception et/ou de l’impact d’un évènement.
Les biais touchent tous les stades de la chaîne de traitement de l’information : de la collecte d’informations (choix et validation des sources documentaires, ciblage des entretiens et des questionnaires, définition des critères d’observation et d’information à recueillir, …) à l’analyse des informations collectées et/ou des informations transmises aux tiers et, jusqu’à la réception de ces informations par leurs destinataires.
Les biais peuvent procéder de l’action des facultés cognitives (perception, attention, mémoire, langage et raisonnement) qui imprègnent chaque personne tout au long de sa vie.
On distingue en particulier :
- Les biais cognitifs qui résultent de l’interaction des sentiments et/ou aux émotions ;
- Les biais affectifs qui affectent des méthodes utilisées pour la collecte et/ou le traitement des informations ;
- Les biais méthodologiques ;
- Les biais sociaux et culturels découlant des relations sociales et culturelles (famille, école, amis, milieu professionnel, …) .
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14h20.
Plus que 3h et demi pour préparer mon prochain conseil d’administration.
Dans 10’, l’audition de chacun de mes principaux directeurs concernés par les thèmes inscrits à l’ordre du jour du conseil de demain commencera.
30 minutes chacun pour entendre leurs commentaires, lire leurs analyses et en discuter puis 1 heure en tête-à-tête avec ma secrétaire pour affiner et finaliser chaque point de l’ordre du jour du conseil.
Toc, toc, toc.
Ça y est, c’est parti !
Le défilé commence
Bonjour Pierre, comme directeur des ventes, montrez-moi qu’elles sont nos perspectives de ventes sur nos différents marchés pour le prochain trimestre.
Je vois.
Ce n’est pas fameux !
Pierre, expliquez-moi les raisons pour lesquelles, alors que la conjoncture me semble rester encore favorable, vos prévisions de développement sont si basses ?
Et là, suivent 10 minutes d’explications qui sont loin de me convaincre.
Depuis le départ de son épouse, Pierre broie du noir en permanence jusqu’à vous annoncer qu’en plein été, avec un ciel sans nuage, un orage est sur le point d’éclater.
Pierre et son biais d’interprétation
À l’évidence, ses analyses souffrent d’un biais d’interprétation, une déformation de l’appréciation des données recueillies.
L’être humain n’est pas une machine et l’état psychologique dans lequel se trouve une personne, de façon permanente ou temporaire, peut modifier sa perception d’un évènement ou d’une situation et fausser son jugement sur l’impact et les conséquences de cet évènement.
Une personne pessimiste, anxieuse ou dépressive, comme l’est Pierre depuis quelques mois, privilégiera les perspectives de développement les plus conservatrices pour le futur.
Pour limiter ce biais, j’ai demandé à Michel de nous rejoindre.
Michel et son biais d’optimisme
Michel est tout l’opposé de Pierre.
C’est un optimiste invétéré d’ailleurs, il entre à l’instant dans le bureau.
Avec lui, c’est certain, le focus portera sur le haut de la fourchette des estimations et des objectifs à atteindre.
Voilà.
En quelques minutes, Michel expose des arguments rationnels et documentés qui me permettent de percevoir que si les ventes seront peut-être un peu moins fortes qu’au trimestre dernier, elles resteront néanmoins solides et dans la marge d’incertitude que nous avions retenue.
Merci messieurs. J’ai ce qu’il me faut.
Voilà Marie qui entre à son tour dans mon bureau.
Marie et son biais de mémoire
Bonjour Marie.
Marie est une excellente directrice des achats mais avec elle, attention aux biais de mémoire car sa ténacité, qui fait sa force mais aussi son point faible, lui fait parfois oublier les vraies priorités.
Le biais de mémoire ou biais mnésique traduit la particularité du cerveau à mémoriser de façon sélective certains éléments aux dépens d’autres.
Mais, en vous souvenant d’une situation ou d’un élément particulier et en en oubliant d’autres que vous avez également vécus, notamment lorsqu’ils sont positifs, vous altérez votre réflexion et vous aboutissez, sans en avoir conscience, à des conclusions erronées.
Aucun être humain est capable de traiter une information de façon neutre c’est-à-dire sans aucune distorsion de cette information par ses émotions.
De surcroît, à intensité égale, les éléments négatifs impactent de façon plus forte les processus psychologiques que les éléments positifs. C’est le biais de négativité.
Enfin et c’est le cas chez Marie, une personne mémorise toujours plus facilement les premiers éléments d’une liste que les derniers. C’est l’effet de primauté qui se conjugue souvent avec l’effet de récence qui traduit une prégnance plus forte du souvenir des dernières informations reçues par rapport à celui d’informations plus anciennes.
Pour y remédier, j’ai adopté 3 stratégies avec Marie.
- La première, dresser des « to do list » courtes avec un maximum de 5 sujets pour que l’ancrage de chacun d’eux dans la mémoire de Marie reste suffisamment fort et ne soit pas effacé trop vite;
- La deuxième, quand il n’est pas possible de scinder la liste en plusieurs morceaux, de lui faire lire sa « to do list » du haut vers le bas puis de la lui faire relire du bas vers le haut;
- Enfin, pour obtenir encore de meilleurs résultats, je numérote les actions à mener par ordre décroissant d’importance et demande à Marie de les traiter dans l’ordre indiqué;
Si cela paraît évident à beaucoup de personnes, n’oubliez pas que nous sommes tous différents et que nous ne réagissons pas de la même manière.
Marie sort et Mireille entre à son tour dans le bureau.
Mireille et son biais de jugement
Mireille scrute régulièrement la bonne adéquation entre la formation de chaque membre du personnel et les fonctions qu’il exerce.
Mireille est une artiste pour identifier les biais de jugement de chaque employé de la société, moi y compris !
Une large palette de biais
Les biais de jugement constituent la catégorie de biais cognitifs la plus fournie.
Elle comporte notamment :
- L’Effet Dunning-Kruger, un biais très habituel en entreprise où les collaborateurs les moins compétents surestiment leur savoir tandis qu’à l’inverse, les plus compétents ont tendance à le sous-estimer d’où le besoin de retenir plusieurs paramètres pour percevoir la réalité des compétences réelles de chaque collaborateur ;
- Les corollaires de l’Effet Dunning-Kruger sont, eux-aussi, très fréquents en entreprise comme, par exemple et sans que la liste soit exhaustive, le biais de supériorité illusoire, propre aux personnes qui surestime leurs propres qualités, le biais égocentrique où une personne se pense meilleure qu’elle ne l’est en réalité et le biais d’auto-complaisance où une personne pense être seule à l’origine de ses réussites, de celles de son service ou de son entreprise mais, bien évidemment, n’être en aucun cas, être responsable de ses échecs ;
- Les commerciaux, mais pas seulement eux, sont eux, régulièrement sujets à un biais très particulier, le biais d’ancrage c’est-à-dire, à l’influence que laisse la première impression sur une personne. Combien de fois n’avez-vous pas, comme moi, entendu d’un collaborateur le commentaire suivant « lui, je le sens bien » après un premier contact avec un client, un fournisseur ou un futur collaborateur ? Perception qui, la plupart du temps se révèle erronée en ne se traduisant par aucune concrétisation avec ladite personne.
- Autre biais de cette catégorie, le biais rétrospectif. Parfaitement illustré par la célèbre assertion péremptoire « je le savais depuis le début » mais toujours d’ailleurs le plus souvent énoncée après la réalisation d’un évènement, sans apporter aucun argument probant ni rationnel pour étayer cette position, a priori comme a posteriori, sur les raisons pour lesquelles la personne a fondé son jugement.
- Dans la même veine, vous identifierez régulièrement le biais de confirmation qui vise à valider une position uniquement auprès d’interlocuteurs partageant le même avis (on a ainsi assurément moins de chance d’être contredit) et à exclure tous les interlocuteurs ayant une opinion différente (les « complotistes » dans les éléments de langage récents).
- Quant au biais d’engagement, que certains qualifient aussi d’entêtement, qui pousse une personne à poursuivre une action alors même que tous les résultats intermédiaires obtenus jusqu’à maintenant sont tous constamment négatifs.
- Classiquement associé à ce biais d’engagement, le biais d’immunité à l’erreur empêche une personne de voir ses propres erreurs quant à l’action engagée.
- Il est d’ailleurs souvent renforcé par l’effet Stroop qui élude les informations non pertinentes.
- Enfin et peut-être le plus dangereux, l’illusion de savoir. Un biais qui pousse les personnes à réagir de la même façon face à une situation qui paraît similaire à une autre, déjà vécue ou rencontrée, sans rechercher les autres informations complémentaires indispensables pour asseoir solidement un jugement sur la nouvelle situation.
Merci Mireille pour l’éclairage que vous m’avez apporté sur le comportement de nos nouvelles recrues.
Voilà, le temps passe toujours très vite avec Mireille et je dois maintenant penser à préparer mon conseil.
A vous d’agir maintenant
Obtenir et/ou transmettre une information n’ayant souffert d’aucune distorsion se révèle, en réalité, impossible compte tenu des multiples biais pouvant affecter tous les stades de la chaîne de traitement de l’information.
Parmi ces biais, les biais cognitifs étant les plus abondants, il convient de s’en prémunir ou, pour le moins, de bien les identifier tant chez soi-même que chez les collaborateurs qui vous entourent afin d’en limiter les effets sur vos prises de décision pour conserver votre libre arbitre et décider en ne prenant en compte que les éléments les plus factuels.
Pour y parvenir et vous éviter une falsification des éléments que vous devez intégrer dans votre réflexion pour choisir les meilleures alternatives qui s’offrent à vous pour répondre aux enjeux que vous devez surmonter, il est nécessaire de développer une approche méthodologique pertinente particulière.
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P.S.
Chers Amis lecteurs,
Pour vous permettre de briller vous aussi sur ce sujet, j’ai souhaité vous offrir mon florilège des trois meilleurs ouvrages en anglais et en français sur les biais cognitifs.
Vous obtiendrez cette liste gracieusement en cliquant sur le bouton situé au bas de cette page.
Bonne lecture.
Sympathiquement vôtre,
Jean-Marie Carrara
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Pourquoi SICAFI peut vous aider ?
Depuis 1994, les consultants de SICAFI, sous la direction de Jean-Marie Carrara, accompagnent les dirigeants d’entreprise de tous secteurs et de toutes tailles, de façon discrète et confidentielle, dans la perspective de ne servir exclusivement que leurs intérêts, leur image et leur leadership.
Pour quoi recourir à SICAFI
SICAFI peut notamment, et sans que la liste soit exhaustive :
- Vous guider pour établir une approche structurée capable d’anticiper et de consolider le futur de vos entreprises ;
- Vous aider à sensibiliser vos conseils d’administration aux techniques disponibles à même de conforter la stratégie de vos entreprises ;
- Vous prêter main-forte pour qualifier vos choix pour la sélection des membres que vous souhaitez intégrer dans vos conseils d’administration ;
- Vous faire bénéficier, le cas échéant, d’un vivier de personnes qualifiées pour renforcer vos conseils d’administration ; …
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