Les TPE et PME dans la tourmente, toujours et encore !
———————-
ORCID n° 0000-0001-6888-5261
1.836 mots – Temps de lecture : 8 minutes
———————-
1. Contexte et enjeux de la santé financière des TPE et PME
Les TPE et PME représentaient environ 159 000 entreprises en France en 2024, selon l’INSEE. Elles constituent le moteur de l’économie nationale, contribuant à près de 43 % de sa valeur ajoutée et employant plus de 6 millions de salariés.
En 2025, ces entreprises font face à une dégradation continue de leur santé financière, marquée par une hausse de leurs impayés, une chute de leur trésorerie et des perspectives pessimistes, comme le souligne de récents articles de la presse économique.
Cette situation s’inscrit dans un environnement économique complexe, caractérisé par des taux d’intérêt élevés, des tensions géopolitiques qui se multiplient (Ukraine, Moyen-Orient, Asie) et une incertitude politique croissante en France.
Ces facteurs amplifient les défis structurels des TPE et PME, déjà fragilisées par les crises successives depuis 2020 (Covid-19, inflation, crise énergétique).
Notre analyse pointe les implications économiques, sociales et sociétales des tensions actuelles et propose des recommandations pour renforcer la résilience de ces entreprises.
2. Les principales difficultés rencontrées par les TPE et PME et leurs implications
2.1. La hausse des impayés
La hausse des impayés, de 2 % au premier trimestre 2025 et de 70 % depuis 2022, constitue une menace majeure pour la viabilité des TPE et PME qui, voyant leurs liquidités fondent comme neige au soleil deviennent ainsi plus fragiles.
Selon l’Observatoire Axonaut, cette tendance s’est accentuée après la guerre en Ukraine, en raison de l’inflation résultant notamment de la hausse des coûts énergétiques qui en a découlé, qui ont comprimé les marges des clients et retardé les paiements.
Cette situation fragilise toute la chaîne des paiements interentreprises, un phénomène amplifié par la dépendance des TPE et PME aux délais de paiement de leurs clients, souvent plus grands.
Source : Un article de Bourse Le Figaro (30 janvier 2025) confirme cette dynamique, notant une hausse de 7 % des impayés en 2024 par rapport à 2023, avec des conséquences directes sur la trésorerie.
Implications :
- Économiquement, les impayés augmentent le risque de défaut de paiement et de défaillances, comme le montre la Banque de France, qui rapporte une hausse de 18,1 % des défaillances d’entreprises sur 12 mois à fin novembre 2024.
- Socialement, ils engendrent du stress pour les dirigeants, souvent contraints de réduire leurs investissements ou les salaires.
- Sociétalement, cette situation érode la confiance dans les relations commerciales, fragilisant le tissu économique local.
2.2. La chute de la trésorerie
La trésorerie des TPE et PME a diminué de 13 % par rapport à 2024 et de 29 % depuis 2022, passant de 23 500 € à 16 783 € en moyenne en 2024.
Bien que le premier trimestre 2025 ait enregistré une légère hausse de 3 %, cette amélioration reste insuffisante pour compenser la tendance baissière.
Cette érosion limite la capacité des entreprises à investir, à recruter ou à absorber les chocs économiques, rendant les TPE et PME particulièrement vulnérables dans un contexte de hausse des coûts.
Source : Le baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode du 27 février 2025 indique une stabilisation de la trésorerie à un niveau bas, sans perspective de redressement à court terme.
Implications :
- Économiquement, la chute de la trésorerie freine l’investissement, notamment dans la transition écologique ou numérique, réduisant la compétitivité à long terme.
- Socialement, elle limite les augmentations salariales et les embauches, avec 27 % des dirigeants prévoyant d’annuler des projets d’embauche en 2025.
- Sociétalement, cette fragilité financière renforce l’image d’un secteur entrepreneurial sous pression, décourageant les jeunes générations de se lancer dans l’entrepreneuriat.
2.3. Une crise de confiance généralisée
Les TPE et PME anticipent une nouvelle dégradation de leur situation financière en 2025, avec 25 % des dirigeants prévoyant un ralentissement de l’activité.
Cette morosité est confirmée par le baromètre Fiducial-Ifop (6 mai 2025), qui note l’absence de projets de croissance d’effectifs.
Cette crise de confiance est alimentée par des facteurs externes (tensions géopolitiques, taux d’intérêt élevés) et internes (incertitude politique, complexité administrative).
Source : L’enquête Bpifrance Le Lab du 9 janvier 2025 rapporte un recul de 7 points de l’indicateur prévisionnel d’activité à -3, reflétant un pessimisme généralisé.
Implications :
- Économiquement, ce pessimisme freine les initiatives de croissance et d’innovation, réduisant la contribution des TPE et PME à la dynamique économique nationale.
- Socialement, il accentue la précarité des emplois dans ces structures, souvent moins protégées que les grandes entreprises.
- Sociétalement, il alimente un sentiment d’incertitude collective, pouvant affecter la cohésion sociale et la perception de l’avenir économique.
2.4. L’incertitude politique
L’incertitude politique, notamment autour du Budget 2025 et de la politique fiscale, affecte 61 % des dirigeants, une proportion de 5 points supérieure par rapport à octobre 2024.
Cette incertitude conduit à une prudence excessive, avec 27 % des dirigeants annulant des projets d’embauche et 26 % réduisant leurs investissements.
Source : Le baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode du 27 février 2025 souligne que 61 % des dirigeants estiment que l’incertitude politique a un impact fort sur leur activité.
Implications :
- Économiquement, cette prudence freine la relance de l’activité et accentue la dépendance aux politiques publiques.
- Socialement, elle limite les créations d’emplois, contribuant à un chômage prévu à 8 % d’ici fin 2025.
- Sociétalement, l’incertitude politique renforce le sentiment de méfiance envers les institutions, pouvant alimenter des tensions sociales.
2.5. Une croissance freinée
L’insuffisance de la demande (60 % des dirigeants) et la complexité administrative (74 % des dirigeants) sont les principaux freins à la croissance.
La faible demande reflète une consommation atone, tandis que la complexité administrative représente un coût en temps et en argent, notamment pour les démarches liées aux réglementations environnementales ou aux aides publiques.
Source récente : Le baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode du 27 février 2025 note que 82 % des dirigeants jugent au moins une démarche administrative compliquée, avec un coût significatif pour les entreprises.
Implications :
- Économiquement, la faible demande limite les revenus et la capacité d’investissement, tandis que la complexité administrative détourne les ressources des activités productives.
- Socialement, ces freins accentuent la charge mentale des dirigeants, souvent seuls face à ces défis.
- Sociétalement, ils renforcent le sentiment d’un système économique bureaucratique et peu favorable à l’entrepreneuriat.
3. Les conséquences
3.1. Le risque de ralentissement et de défaillances
La combinaison de la hausse des impayés, de la chute de la trésorerie et du pessimisme des dirigeants augure un ralentissement économique pour les TPE et PME.
La Banque de France note une hausse de 18,1 % des défaillances d’entreprises sur 12 mois à fin novembre 2024, un phénomène qui s’accentue en 2025..
Cette situation pourrait freiner la contribution des TPE et PME à la croissance du PIB, estimée à seulement 0,7 % en 2024 par l’Insee.
De plus, la réduction des investissements, notamment dans la transition écologique, compromet les objectifs de décarbonation, alors que 32 % des dirigeants mentionnent un recul des investissements verts en 2025.
3.2. Des licenciements et une détérioration des conditions de travail
La dégradation financière des TPE et PME a des répercussions directes sur l’emploi.
Avec 27 % des dirigeants prévoyant d’annuler des embauches, le marché du travail se contracte, avec un chômage attendu à 8 % d’ici fin 2025.
Les conditions de travail sont également affectées, les dirigeants réduisant les augmentations salariales pour préserver leurs marges alors que, parallèlement, les prix à la consommation reprennent leur ascension d’où des fins de mois de plus en plus difficiles à boucler dans les foyers.
Selon Bpifrance, 34 % des TPE et PME jugent leur trésorerie difficile, limitant leur capacité à améliorer les conditions de travail ou à investir dans la formation.
3.3. La fragilisation du tissu entrepreneurial
La fragilisation des TPE et PME érode le tissu entrepreneurial, qui joue un rôle clé dans la vitalité des territoires.
La méfiance croissante envers les institutions, alimentée par l’incertitude politique et la complexité administrative, risque de décourager l’entrepreneuriat, notamment chez les jeunes.
De plus, la perception d’un avenir économique incertain peut accentuer les tensions sociales, en renforçant le sentiment d’injustice face aux grandes entreprises, souvent mieux soutenues.
4. Nos recommandations stratégiques
Dans cet environnement économique et social tendu, il est important que le gouvernement et les institutions financières prennent les mesures de bon sens pour que les TPE et les PME passent ce cap difficile notamment par :
4.1. Des mesures pour réduire les impayés
- La facturation électronique obligatoire :
- Le renforcement des sanctions pour les retards de paiement :
Accélérer la mise en œuvre de la facturation électronique, prévue à l’horizon 2026, pour améliorer la traçabilité des paiements. Des outils comme Axonaut ou Sinao, cités par France Num, permettent déjà d’automatiser la gestion des factures.
Afin de limiter l’effet domino des faillites, il convient d’appliquer des pénalités plus strictes pour les retards de paiement, comme prévu par la directive européenne sur les délais de paiement. Ce qui permettra d’identifier plus rapidement les entreprises fragiles afin de pouvoir les soutenir lorsqu’elles sont encore viables et non lorsqu’elles sont irrécupérables.
4.2. Soutenir la trésorerie des entreprises et faciliter leur accès aux financements
- Des prêts garantis :
- Subventions ciblées :
Étendre les mécanismes de prêts garantis par l’État, qui ont permis de réduire l’endettement des PME en 2023, selon la Banque de France.
Faire évoluer les délais de remboursement de ces prêts en fonction des capacités réelles de l’entreprise et non les bloquer dans un calendrier rigide dont nous voyons aujourd’hui l’impact destructeur avec le remboursement des PGE.
Développer des aides spécifiques pour les TPE, qui souffrent davantage que les PME de plus de 100 salariés, comme le note Bpifrance.
4.3. Apaiser l’incertitude politique et alléger le poids de la gestion administrative
- Stabilité fiscale :
- Simplification administrative :
Clarifier les orientations fiscales du Budget 2025 pour restaurer la confiance, comme recommandé par Rexecode.
Réduire la complexité des démarches, notamment pour les aides publiques, en s’inspirant des recommandations de Bpifrance Le Lab – Rexecode.
4.4. Stimuler la demande et accompagner la transition numérique
- Relancer de la consommation :
- Faciliter la transition numérique :
Soutenir le pouvoir d’achat des ménages via des mesures fiscales, comme suggéré par l’U2P, pour stimuler la demande.
Effacer les inégalités économiques et qualitatives entre produits importés et produits locaux.
Encourager l’adoption de logiciels de gestion (ex. : Axonaut, Cegid) pour optimiser la trésorerie et réduire les impayés, comme le recommande France Num.
Conclusion
Vers une résilience renforcée des TPE et PME.
La dégradation de la santé financière des TPE et PME en 2025, marquée par la hausse des impayés, la chute de la trésorerie, le pessimisme des dirigeants, l’incertitude politique et les freins structurels, constitue un défi majeur pour l’économie française.
Ces tendances ont des répercussions économiques (ralentissement, défaillances), sociales (précarité de l’emploi) et sociétales (érosion de la confiance).
Une approche coordonnée, combinant des mesures publiques (prêts garantis, simplification administrative) et privées (transition numérique, gestion des impayés), est essentielle pour restaurer la résilience de ces entreprises.
En renforçant leur capacité à surmonter ces défis, la France peut préserver son tissu entrepreneurial de ses régions et soutenir une croissance inclusive et durable dans un environnement international qui restera tendu, a minima, pour 2025.
———————-
Pourquoi SICAFI peut vous aider ?
Depuis 1994, les consultants de SICAFI, sous la direction de Jean-Marie Carrara, accompagnent les dirigeants d’entreprise de tous secteurs et de toutes tailles, de façon discrète et confidentielle, dans la perspective de ne servir exclusivement que leurs intérêts, leur image et leur leadership.Pour quoi recourir à SICAFI
SICAFI peut notamment, et sans que la liste soit exhaustive :- Vous guider pour établir une approche structurée capable d’anticiper et de consolider le futur de vos entreprises ;
- Vous aider à sensibiliser vos conseils d’administration aux techniques disponibles à même de conforter la stratégie de vos entreprises ;
- Vous prêter main-forte pour qualifier vos choix pour la sélection des membres que vous souhaitez intégrer dans vos conseils d’administration ;
- Vous faire bénéficier, le cas échéant, d’un vivier de personnes qualifiées pour renforcer vos conseils d’administration ; …
———————-
———————-
Copyright © 2025 SICAFI SA, All rights reserved. Cet article vous est proposé par SICAFI SA qui en détient tous les droits. Il ne peut être ni copié, en tout ou partie, ni réutilisé sans l’autorisation écrite de SICAFI SA.
———————-