Le malentendu des signaux forts

Les signaux faibles sont finalement les plus importants
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“Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l’avenir.” François Mitterrand.
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Résumé
Identifier un possible changement de l’écosystème d’une entreprise ou d’une organisation requiert de capter un faisceau de signaux précurseurs qui ne soit pas pollué par des éléments à très faible valeur ajoutée et qu’il faut interpréter en réduisant au-maximum les biais cognitifs pouvant altérer leur compréhension.
Cela n’est possible qu’en appliquant une méthodologie très précise.
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La quête du signal fort
En tant que dirigeant d’entreprise, vous attendez de votre conseil d’administration qu’il vous propose des scenarii sur la manière d’anticiper l’avenir de votre entreprise, de vos affaires, de vos produits ou de vos services.
Plus prosaïquement, vous lui demandez d’être capable de capter les signaux « forts » c’est-à-dire, des informations très explicites mettant en évidence par exemple, un besoin nouveau de leur marché, une nouvelle stratégie de leurs concurrents ou l’annonce d’une évolution disruptive de leur écosystème.
Leur souhait vise aussi à éviter d’être pollué par les signaux qu’ils qualifient de « faibles » dont l’identification, la collecte et l’analyse s’avèrent, selon eux, peu rentable car très coûteuses en temps et en argent.
Que faut-il entendre dans l’expression de leurs besoins ?
Signal fort / signal faible : la fausse opposition
De nombreux managers opposent signal fort et signal faible alors que le signal faible constitue en réalité une alerte précoce pouvant être annonciatrice d’une tendance ou de bouleversements majeurs à venir.
Aussi, si l’objectif de leur recherche est de détecter une modification comportementale d’un groupe d’individus, d’une organisation ou d’un écosystème, il paraît évident que signal fort et signal faible ne diffèrent que par la force qu’un observateur prête au signal qu’il repère.
Un signal n’a pas de force intrinsèque. Il ne tire sa puissance que du contexte et de la conjugaison avec d’autres informations recueillies.
D’ailleurs, la même information pourra être considérée, selon son contexte, comme un signal faible ou comme un signal fort.
Prenons le cas du déclenchement d’une alerte incendie.
Le signal envoyé sera considéré comme faible si l’incendie touche par exemple, un petit hangar, vétuste, isolé, sans risque d’extension de l’incendie, vidé de toutes marchandises et de tout personnel alors qu’il sera considéré comme un signal fort nécessitant une intervention urgente si l’incendie concerne un hangar flambant neuf, situé en zone très urbanisée dans lequel sont stockés des produits dangereux pouvant contaminer une grande partie des riverains avec un risque élevé de propagation aux habitations adjacentes.
Un signal tient sa pertinence et sa force, non pas de son contenu ni du type de message, ni de la façon dont il est transmis mais de la gravité des conséquences de son impact sur la cible concernée si le changement identifié venait à se produire.
De façon claire, un signal n’est audible qu’interprété au regard d’autres signaux ou utilisé de façon particulière par ceux qui le reçoivent notamment en fonction de l’effet, positif ou négatif, qu’il aura sur l’écosystème d’une organisation.
L’élément clef : la fiabilité des signaux perçus
Quel que soit le signal à considérer, la première des choses à faire est de s’assurer de la fiabilité de sa source et même, de la source de sa source.
En effet, quel crédit accorder à une information, même si elle a été reprise par de multiples médias avec des éléments de langage identiques, si elle résulte d’une dépêche émanant de la même agence de presse ?
Quel crédit accorder à une information si elle procède d’un émetteur inconnu de tous ?
Quel crédit accorder à une information si son diffuseur est connu de tous comme peu crédible et/ou comme étant régulièrement à l’origine de polémiques artificiellement organisées et/ou véhiculant des éléments de langage de certains groupes de pression qui ne résistent pas à une analyse élémentaire ?
D’ailleurs, la question relative aux fake news et à leur impact a été de plus en plus régulièrement posée dans les médias durant ces dernières années sur et met en relief la difficulté d’identifier une information fiable dans le foisonnement de messages diffusés sur les multiples canaux d’information accessibles à tous, notamment par le biais d’Internet.
Les risques d’interprétation erronée
Si la détection d’un signal s’avère difficile, sa bonne interprétation est également complexe en raison de multiples biais cognitifs affectant, consciemment et inconsciemment, le récepteur du signal.
A titre d’exemple, citons :
Les biais d’interprétation
L’obsolescence de la pertinence du signal
Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?
La perception d’un signal est soumise aux multiples biais d’interprétation des personnes qui reçoivent le signal comme, et sans que l’énumération suivante soit exhaustive, des biais sensori-moteurs, des biais attentionnels, des biais mnésiques, des biais de jugement, des biais de raisonnement, des biais liés à la personnalité.
La liste des biais cognitifs pouvant affecter une personne est très longue et il est indispensable de ne pas méconnaitre pour réduire au maximum une possible distorsion de la perception d’un message. De surcroît, l’anticipation d’un évènement qui pourrait se produire ne résulte pas du traitement d’un seul message mais de la prise en compte d’un faisceau de messages où chaque message à une fréquence différente, que leur répétition est variable, que l’imminence du risque est plus ou moins proche, que le risque encouru est plus ou moins important, …
L’un des biais à l’origine des erreurs les plus fréquentes est le biais de confirmation.
Les individus ne cherchent, dans ce cas, qu’à confirmer leurs hypothèses ou leurs croyances existantes, plutôt que de considérer les informations de manière impartiale avec le recul indispensable pour leur analyse.
C’est un aspect trop souvent négligé alors qu’il est essentiel car la pertinence d’un message n’est pas une valeur statique mais évolue en permanence.
Aussi, il convient d’apprécier pendant combien de temps le signal détecté restera pertinent.
Attention, les signaux pertinents dans un contexte donné pourront ne plus l’être dans un autre contexte.
Il est donc essentiel d’évaluer la durée de vie de la pertinence d’un signal dans son environnement.
Pour cela, il est nécessaire de collecter et d’analyser, en permanence, les informations concernant la cible visée afin de conserver la qualité des décisions stratégiques basées sur les signaux identifiés.
Savoir détecter et interpréter les signaux précurseurs solides
Pour les managers rencontrés, un signal fort est un signal très riche en signification pour la personne qui arrive à le capter.
Un signal capable d’annoncer la survenue d’un élément si important qu’il chamboulera en profondeur leur écosystème et dont la méconnaissance peut remettre en cause jusqu’à l’existence de leur entreprise ou de leur organisation.
Mais les signaux faibles répondent à la même finalité.
La détection, la collecte et l’interprétation de signaux précurseurs pertinents requiert de définir et d’élaborer une méthodologie précise à suivre strictement pour intégrer ces éléments pertinents dans la définition d’une stratégie permettant d’anticiper les changements vitaux de l’écosystème de l’entreprise.
Et donc ?
Trop souvent obnubilés par la quête de signaux forts car considérés comme seuls vrais indicateurs clés capables de les aider à anticiper les changements profonds pouvant influer leurs activités et à définir la réponse à y apporter pour poursuivre leur développement à court, moyen et long terme si les changements anticipés venaient à se produire, les chefs d’entreprises oublient qu’anticiper l’avenir de leur entreprise, l’évolution de leurs services et/ou de leurs produits requiert la mise en place d’une méthodologie très précise et très rigoureuse visant à collecter les signaux, même ceux semblant faibles, de les analyser et de les interpréter à la lumière non pas d’une seule information mais d’un faisceau qui permettra de détacher les informations probantes capables de servir à bâtir une série de stratégies alternatives afin de choisir celle qui sera la plus adaptée pour faire face aux évènements perturbateurs identifiés lorsque ceux-ci émergeront.
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P.S.
Chers lecteurs,
Pour vous permettre, vous aussi, de mieux maîtriser sur ce sujet, j’ai souhaité vous offrir mon florilège des trois meilleurs ouvrages en anglais et en français sur les signaux forts que vous trouverez en cliquant ici.
Bonne lecture.
Sympathiquement vôtre,
Jean-Marie Carrara
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Pourquoi SICAFI peut vous aider ?
Depuis 1994, les consultants de SICAFI, sous la direction de Jean-Marie Carrara, accompagnent les dirigeants d’entreprise de tous secteurs et de toutes tailles, de façon discrète et confidentielle, dans la perspective de ne servir exclusivement que leurs intérêts, leur image et leur leadership.
Pour quoi recourir à SICAFI
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- Vous faire bénéficier, le cas échéant, d’un vivier de personnes qualifiées pour renforcer vos conseils d’administration ; …
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